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Mon Chemin de Compostelle - 13
04 juin 2004 Eauze – Lanne-Soubiran (28 km)
Comme chaque matin, le petit déjeuner avalé, nous reprenons le Chemin. Nous y trouvons Jean le Toulousain et Véra la Brésilienne. Ils se sont rencontrés sur le Chemin l’année précédente et ont décidé de faire une partie du Chemin ensemble. Saint Jacques réserve parfois des surprises en réunissant des êtres qui ne se seraient jamais croisés sans lui.
La pause du midi se fait à Nogaro. Pour y arriver ils ont emprunté la route long ruban en montagne russe. Ce qui est frustrant pour Jacqueline c’est de marcher seule en faisant grand effort pour rester en contact avec ses co-marcheurs. Lorsqu’ils s’arrêtent elle les aperçoit, mais à ce moment-là ils repartent dès qu’ils voient se pointer le bandana qu’elle porte en permanence et qui la protège du soleil. Il lui permet d’essuyer la sueur qui perle à son visage. Petite sieste puis café où ils voient Jean et Véra pour la dernière fois, ils font étape ici. Nous nous continuons vers Lane Soubiran.
Depuis que la pluie nous a rafraîchis, M. souffre. Il craint cette météo, il a beaucoup forcé vers Cahors et l’inquiétude perce petit à petit. La pommade des genoux de Jacqueline lui sert aussi pour masser le coup de pied de sa jambe gauche. Il s’arrête plus souvent pour admirer le paysage où regarder la carte. Au début du chemin qui mène au gîte « la Maison Labarde », il demande à ses co-marcheurs de continuer. Il doit se reposer et les rejoindra plus tard. Après des hésitations ils acceptent et le laissent pour un instant. En route ils croisent un tracteur. Jacqueline interpelle le conducteur et lui demande s’il reviendra sur ses pas. Non, il rentre chez lui et ne pourra pas ramener M. Arrivés au gîte ils cherchent un vélo. P. se propose de retourner. Il portera le sac et M. montera sur le vélo. Pas besoin M. se pointe à l’entrée. Ouf. Enfin pour une courte durée car ce sera sa dernière étape. Il souffre de plus en plus et déclare forfait.
La table de nos hôtes est accueillante. Ils gavent des canards pour le foie gras et les confits. Nous partageons notre repas avec deux dames pèlerins (ne pas dire pèlerine). Elles sont de Bretagne, sont grand-mères des mêmes petits enfants et sont parties ensemble pérégriner.
A chaque étape, nos pèlerins font tamponner leur « Carnet du pèlerin ». Si, sur le Camino français, ce n’est pas obligatoire, en Espagne, c’est un véritable passeport. Il faut le montrer pour être accepté et justifier d’un nombre de kilomètres suffisant (10 km minimum) sinon le pèlerin doit aller plus loin. M. recueille le dernier tampon de son périple et grâce à notre hôtesse, se fait transporter jusqu’à Aire-sur-l’Adour afin de prendre un car puis un train qui le ramèneront chez lui, près d’Agen.
Si, quitter un pèlerin qui est au terme de son chemin n’est pas facile, quitter un ami blessé et partir finir le sien est une épreuve. « Je marcherai pour toi « lui a dit Jacqueline. Dernière photo (ci-contre) car ils perdent aussi leur photographe. Bon, les petits il va falloir assurer.
05 juin– Lanne Soubiran – Miramont Sensacq (40 km)
Je ne met pas les km pour l'exploit mais pour nous situer.
Encore une fois ce sont les ondes qui les relient. Le portable textote « triste de vous avoir quittés. Aurais aimé aller au bout. Saint Jacques en a décidé autrement. Bon Camino. Bises à vous 2 ». Nos deux marcheurs mettent un pied devant l’autre et avancent. Il arrive souvent que des gens généreux ouvrent leur portail et offrent un café ou une boisson rafraîchissante aux pèlerins, c’est ainsi que P. et Jacqueline posent leurs sacs avant Barcelonne du Gers.
Nous traversons le pont pour entrer dans Aire-sur-l’Adour, quittant le Gers pour les Landes. La pause pique-nique au bord de l’Adour est un réconfort ainsi que le café pris en terrasse. Nous longeons la cathédrale Saint Jean Baptiste ainsi que la halle aux grains. Ensuite nous montons vers l’église Sainte Quitterie. Sainte Quitterie, princesse wisigothe décapitée pour avoir refusé d’adjurer la foi chrétienne. Sur les lieux de son exécution jaillit une source aux vertus miraculeuses. L’eau de la source permet aux pèlerins de se rafraîchir.
Et se rafraîchir, nos deux amateurs pèlerins vont en avoir besoin. P. suit le guide pour se diriger. Prenez la rue…, laissez à gauche… puis à droite…Ignorez la croix qui indique de ne pas prendre et prenez… c’est simple mais à coté du marquage il est dit « Vous pouvez aussi prendre la piste vtt » que croyez vous qu’ils fissent ? Ils prennent la piste et gambadent (enfin cheminent) sur les sentiers ombragés, se retrouvent plus bas vers un stade. Plus de marque, ils se renseignent et apprennent que le chemin est juste à l’entrée d’Aire-sur-l’Adour. Ils sont ainsi, au bout de 1 h ½, revenus au point de départ (un tour de piste gratuit). Ils repartent, remontent, assoiffés, transpirant. Soudain ils aperçoivent le marquage sur un arbre juste après la rue où ils ont tourné. Simple pourtant !!!. Le guide datant, ne leur avait pas permit de voir le nouvel itinéraire. Ils s’arrêtent pour boire une bière, remplir leur réserve d’eau. Pause bien méritée.
L’étape du jour se termine à Miramont Sensacq. Encore faut-il y arriver. P., sur l’injonction de Jacqueline, part devant avec le guide. Juste avant Miramont elle demande à un particulier son chemin, il lui indique le plus facile. Erreur car, seule, elle ne sait plus s’il faut tourner à droite où à gauche et, bien sûr, elle tourne mal. Perdue, découragée, fatiguée (le tour d’Aire a rallongé la sauce de 6 km ~) elle attendrait bien le croque-mort (vous savez celui du cimetière). Mais M. au bout du fil s’enquiert; sur ses conseils elle appelle les hôtes du gîte. Pour se situer, elle parle d’une maison avec des palmiers qui sont en réalité des bananiers. Qu’importe, ils viennent la chercher. Pascal, aussi, s’est trompé. Ils le récupèrent en route. Alors le rituel du soir peut commencer ( notre soigneur n’est plus là, mais elle se débrouille dorénavant seule). Sur place ils trouvent le repas du soir et même un peu plus pour le lendemain. Ils cuisinent. C’est à cette étape qu’ils rencontrent quatre pèlerins de Libourne, ils les reverront souvent par la suite.
A suivre ...
Tags : chemin, pelerins, jacqueline, c’est, saint
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Commentaires
Bonjour , quel courage , les péripéties sont toujours bien intéressantes à lire. Merci de ce partage agréable. Bisous. Gigi
23monica et la merVendredi 10 Mai 2013 à 15:39Coucou Mounette,
Me revoila ! C'est terrible d'arriver à rejoindre les autres juste au moment où ils repartent ! J'ai souvent connu ça !!! Bises, oui il y a qq pb pour joindre mon blog à certains moments !
Coucou amie du Chemin,
Tu sais qu'à Chanaz, passe le Chemin.
Mon grand plaisir, est d'aller parler et échanger avec les pélerins qui passent....
Je leur demande toujours s'ils ont besoin de quelquechose.
Mais Chanaz est une étape...et ils sortent souvent du gîte...et sont parés....
La semaine dernière j'ai rencontré un Autrichien, qui faisait tout seul le chemin depuis Linz, vers Compostelle.
Il comptait au moins 3 mois....Le pauvre, il n'était pas aidé avec la météo...
Je *bricole* un peu en allemand (des restes de ma scolarité, que j'essaie d'entretenir), il bricolait un peu en français...on s'est compris.
Discuter avec les pélérins, me fait du bien....
Bonne journée ma belle...
bisous bisous et...à dimanche !
ceux qui abandonnent doivent avoir mal au coeur car ils ont quand même parcourus un grand nombre de kms et ceux qui restent doivent se sentir seuls
Le ssourire et la soif, pas facile, votre chemin. Je n'aurai jamais pu le faire., mais c compostelle me fascine,aussi je suis avec passion votre marche Bravo, pour le chemin et pour le récit. c'est admirable.
Gros bisous de Josette
Pour moi qui travail toujours je pense que ta balade serai peut être trop longue pour moi
je te suis avec plaisir
A bientôt
15superronyJeudi 9 Mai 2013 à 18:57Vous êtes" maso" comme dirait quelqu'un que je connais bien.!!
bises plus ou moins pluvieuses.
René
Que d'efforts mais je crois que ce voyage est un souvenir gravé à jamais , belle endurance bravo.
Bonne journée bises Jacqueline
13d-ocre overblogJeudi 9 Mai 2013 à 11:46Nous marchons, mon épouse et moi, mais au bout de 10 à 12 km, nous sommes déjà bien fatigués. Je t'admire, toi et les pèlerins. Et puis j'aime la belle pensée : "Je marcherai pour toi."
Bisous et bon jeudi
Alain
PS : Merci pour ton gentil com. C'était notre chat : Ouistiti, un petit être adorable.
bonjour Jacqueline et merci . pas facile il est vrai de changer . j'ai aussi le coeur serré au propre comme au figuré . te fais de gros bisous
Bonjour Océanique,
De plus en plus admiratif au fur et à mesure de tes récits d'étapes sur le chemin. Je pense que cela doit être diffivile de laisser un partenaire en chemin. Encore BRAVO ! Bises bien amicales.
Henri.
Alors : chapeau !!! Bravo !
40 kms, je sais que je ne pourrais pas avec le gros sac....
Ma *compagnonne* Martine, je ne crois pas non plus....
Mais bon ! l'essentiel est de* cheminer* n'est-ce-pas ?
Re-bisous championne !
Coucou !
Tu as fais les 40 kms à pied, ou j'ai mal compris ?
40 kms...je ne pourrais pas ! c'est trop avec le sac chargé....
Mais tu es peut-être *superwooman*....
Bonne journée amie du Chemin, et...à bientôt....
Il faut parfois savoir s'arrêter alors que les amis continuent leur route !
Bonne journée à toi - gros bisous
Toujours un crève-coeur de voir déclarer forfait, un compagnon de route. Bises et bonne journée Mounette.
eh bien pas facile le ârcours de ces deux journée une parce que vous perdez un pélerins ami et l'autre pour la perte de ses repère du chemin
heureusement que le soir vous vous retrouvez tous ensemble
bisous
Oh pétard t'as changé t'as police de caractère, faudrait joindre une loupe
Jeudissimes bisous acensionnels Jacqueline
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Deux belles étapes, bravo les pieds. Tu es mignone au milieu de tes deux amis. J'aime beaucoup Aire sur Adour.
Bisous